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Le jardin des voyouses: le renouveau à Ligueux (24)

Réalisé en 2004 et ouvert au public durant 3 ans dans les jardins du Centre culturel François Mitterrand : 2, place Hoche à Périgueux.
Il a été transplanté à Ligueux début 2007, sous l’égide du Conseil Général de la Dordogne.


Maître d’ouvrage :

Conseil général de la Dordogne

Mandataire :

Atelier du Sablier

Échelle d’intervention :

300m2


C’est de la mauvaise graine tout ça !
Ce jardin propose une rencontre, sous haute surveillance, avec des plantes qui se conduisent mal, qui opposent leur esprit de contradiction ou enfreignent nos lois humaines.

Certaines sont également victimes de mauvaise réputation : le Buddleia qui pousse dans les murs de la ville, le Lierre que l’on accuse à tort de faire mourir les arbres, l’Aigremoine dont les graines à crochet s’attachent à nous sans qu’il soit possible de s’en débarrasser sans y laisser quelques brins de laine…

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perspective cavalière du jardin, ayant servi de support à la mise en oeuvre du jardin


Il s’agira alors de démasquer les unes, réhabiliter les autres et de déjouer leurs ruses et petits pièges.

Le jardin se structure en une progression entre un jardin sage, à l’entrée : les plantes poussent domestiquées dans les pots fabriqués par les Hommes, se tiennent à l’écart des espaces minéraux.
Et puis au fur et à mesure, la nature prend le dessus sur la culture des Hommes : elles ne veulent plus du tout pousser dans leurs pots, elles s’échappent pour ramper dans les pavés qui s’éparpillent effrayés. Un grand mur de pierre, ruiné, est pris d’assaut par les colonisatrices, qui s’attaquent également à la clôture, aux limites mêmes du jardin, de ce tracé imposé. Elles s’en échappent même par vagues successives.

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ipomées grimpant sur les grilles de coffrage à béton


Et le visiteur dans tout ça ? est-il seulement passif, voyeur ?
Sans s’en rendre compte, parfois les hommes véhiculent ces « mauvaises graines » qui s’accrochent ou se logent, minuscules, dans les replis de nos vêtements.
Remplaçant les bonbons par des graines, un distributeur à « mauvaises graines » sera proposé à l’entrée. En échange d’une pièce, le visiteur pourra contribuer à l’encanaillement de cette parcelle de « voyouses », éparpiller les grains à la volée ou les nicher dans une anfractuosité du mur ruiné tantôt à l’ombre, tantôt au soleil.
Une excellente occasion de revenir visiter à quelques semaines d’intervalle ce défouloir végétal avec le sentiment d’y avoir ajouté « sa petite graine »…

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entrée du jardin

Des liens :

- les jardins éphémères de l’Espace culturel Francois Mitterrand 2004


Un article et des photos de Thierry Bucquoy, photographe, disponibles sur son blog :
« Les rues sont vides, désertes, depuis longtemps les enfants ne font plus aboyer les chiens. C’est le monde de l’oubli, de l’abandon, la cité s’est éteinte comme les vieux candélabres. C’est le monde du silence urbain, c’est aussi le monde de la voyouse.
Le monde des crapules et des indisciplinées,
Des vagabondes et des fugueuses,
Elles en ont marre des jardins de « Le Notre », stricts, rigides, ordonnés,
Jamais décoiffés.
Elles en ont marre de ces alignements, de ces allées de cailloux blancs,
Et de ces couples endimanchés.
Ici, c’est l’univers des plantes vagabondes, opportunistes et indisciplinées,

De ces plantes qui s’installent une fois qu’on a le dos tourné.
C’est la révolution verte, par les rampantes, les grimpantes et les envahissantes,
J’oubliais les piquantes et les collantes.
Elles franchissent les barricades, vont à l’assaut des murailles, soulèvent les fondations, déstabilisent ce monde perdu.
Le jardin des voyouses c’est un bronks écologique,
L’anarchie chlorophyllienne
Un semblant déstructuré
L’abstraction d’un Schneider et d’un Jackson Pollock, d’un De Kooning
Oui des règles, d’autres règles, la cité perdue a retrouvé son équilibre.
Entre spontanéité et désobéissance citadine, il y a les humeurs des saisons, l’émergence des fleurs de capucine et de buddleia, le panaché du lierre et la beauté simple et immaculée de la marguerite, de la digitale blanche.
La richesse du milieu c’est sa diversité, partons nous aussi à sa découverte.
Un bouillon de culture conçu par Anaïs Escavi et Emmanuel de Cockborne.(Atelier du sablier) »