Qu’est-ce qu’un paysagiste-concepteur?

Le terme de paysagiste définissait encore au XIXe siècle un artiste qui représentait picturalement les paysages … celui qui concevait les espaces extérieurs, parcs et jardins se nommait Chef jardinier.
Aujourd’hui les jardiniers se font appeler paysagistes, et les paysagistes que nous sommes se font appeler architectes-paysagistes pour s’en distinguer.
L’atelier du Sablier propose toutefois ces deux pratiques : la représentation picturale ou cartographique des paysages : le graphisme, et la réflexion sur les paysages, la conception des espaces publics ou privés.

Qu’est-ce qu’un paysagiste ?

Dans la jungle de la filière liée au paysage, personne ne sait exactement quel est le rôle, la vocation et ce que recouvre la profession.
Plusieurs métiers du paysage se partagent ou empruntent à tort le titre, qui n’est pas protégé comme l’est celui de l’architecte.
Le paysagiste s’appelait d’ailleurs architecte-paysagiste avant 1940 avant la création de l’Ordre des architectes et donc de la protection du mot architecture. L’enjeu de cette vieille querelle de sémantique est de permettre au public, aux maîtres d’ouvrage de faire la distinction entre la conception et l’exécution des projets.

Le paysagiste étudie le site, les contraintes plastiques, physiques, climatiques mais aussi politiques, fonctionnelles et usuelles pour faire naître un projet.

L’entrepreneur de paysage se fait appeler aussi parfois paysagiste, dans la mesure où il est amené à concevoir de petits jardins. Curieusement, le terme de jardinier est mal perçu aujourd’hui alors qu’il s’applique justement à l’échelle d’intervention de la plupart des entreprises de réalisation.

En effet, le domaine du paysage embrasse de multiples domaines, et contrairement aux idées reçues, il ne concerne pas que les parcs et les jardins. Les paysagistes travaillent avant tout dans les espaces de la vie courante : places urbaines, voies et abords de grandes infrastructures, interviennent sur la réhabilitation de quartiers, de traversées de bourgs ruraux, le réaménagement de friches industrielles et abordent le grand paysage à travers les documents d’urbanisme et les études d’impact….
Autant de domaines d’intervention qui font de cette profession complexe un creuset où se mêlent environnement, architecture, social, technique, botanique, sensibilité et création. Geoffrey Jellicoe, architecte-paysagiste anglais mort en 1996 disait : « Le monde entre dans une phase de son histoire qui verra peut-être l’architecture du paysage devenir le plus complet de tous les arts. »
Car le paysagiste ne travaille pas que le végétal, il conçoit l’ensemble d’un espace qui comprend aussi le minéral : les traitements de sol, le mobilier, les structures (bassins, emmarchements, pergolas, murs de soutènement, passerelles, fontaines…). Il travaille en complémentarité avec d’autres corps de métier.

Avec des « analystes » de l’espace : urbanistes, écologues, sociologues… ; avec des concepteurs de l’espace : scénographes, architectes, concepteurs-lumière, designers, artistes…et avec des ingénieurs, des techniciens spécialisés.

Essai de définition relative

La spécificité du paysagiste par rapport aux autres professions se situe ainsi :

* vis-à-vis de l’environnementaliste : dans son aptitude à intégrer la dimension subjective, culturelle et sociale du paysage, et à mettre en œuvre sa propre créativité.

* vis-à-vis de l’architecte : dans son aptitude à intégrer non seulement le végétal, mais plus généralement la complexité, l’évolution et l’incertitude d’un milieu vivant, du jardin au territoire, de la ville à la campagne.

* vis-à-vis de l’urbaniste : dans une culture et une histoire professionnelle qui prend son origine entre la ville, campagne et nature ; dans son aptitude à faire du site le guide du projet (et non, à l’inverse, à imposer un projet sur un site), à privilégier les relations entre les objets (et non à traiter les objets pour leur individualité propre), à traiter les articulations et préserver des espaces vides, et plus généralement à reconquérir les espaces déstructurés.

Complémentaire et partenaire de l’écologue et de l’architecte, partageant des savoir-faire avec l’un ou l’autre, le paysagiste ne se confond pour autant ni avec l’un ni avec l’autre, c’est une spécialité spécifique ’à la Française’. Si l’architecte travaille sur un projet défini, le paysagiste, comme l’écologue, gère un processus qui n’est que partiellement déterminé.
L’écologue est un Géographe, un ingénieur, un scientifique, le paysagiste est un créateur. Il est de plus en plus également considéré comme un médiateur et un pédagogue, dans le sens où son action est révélatrice de la réalité inhérente et des modes de perceptions de notre environnement.

Histoire de la profession

Cette profession « touche-à-tout » reste encore difficile à cerner pour deux raisons : d’une part du fait même de son interdisciplinarité ; d’autre part a cause de l’absence de réglementation sur le sujet. Contrairement à la profession d’architecte, la profession de paysagiste n’est pas reconnue juridiquement, et n’est donc soumise à aucune appellation stricte. Depuis le XXe siècle, l’ingénieur paysagiste travaille surtout au sein d’agences de paysage et réalise aussi bien des études que des missions de conception et de réalisation d’aménagement paysagers.

Les paysagistes aujourd’hui

Les paysagistes contribuent dans la pratique de sa profession, au développement durable à travers une démarche triple :

1. Une analyse pluridisciplinaire du contexte : grâce à la mise en relation d’informations scientifiques, techniques et culturelles de plusieurs domaines, le paysagiste obtient une image « multicouche » de la réalité d’une espace ou d’un territoire.

2. Une action pédagogique : en représentant cette réalité sous une forme compréhensible par le grand public, il communique sa vision des paysages, des territoires et des milieux de vie de manière à en faire saisir les modes et les dynamiques d’évolution, les avantages et problèmes à venir si cette évolution se poursuit, les enjeux concernant la maîtrise de cette évolution.

3. Une action créative : en concevant et en organisant de la mise en œuvre de nouveaux espaces à construire et/ou en participant à l’établissement de plans de gestions des espaces existants de manière à accroître l’équilibre et la diversité de l’environnement.